Édito
Si pour l’ISPL savoir-faire est son quotidien, faire savoir n’était pas son exercice favori !
Le séminaire que l’ISPL a tenu à Paris le 27 mars dernier dans le lieu magique qu’est le Musée des Arts et Métiers avait pour but de combler ce déficit.
L’ISPL a le souci constant d’améliorer le service rendu à ses adhérents. Tout en veillant de répondre au mieux et au plus vite aux requêtes qui lui sont demandées, l’Institut met à la disposition des Unions un Observatoire de la permanence des soins, un Observatoire des pratiques et un outil de cartographie qui apporte plus de visibilité aux résultats rendus. Ainsi chaque Union adhérente peut maintenant disposer de tableaux de bord reflétant l’activité sur son territoire.
L’ISPL étend aussi son champ de compétence au P.M.S.I car on ne peut méconnaître la partie d’activité libérale qui se passe en établissement de santé quand le parcours de soins du patient devient une priorité de santé publique.
Le séminaire nous a montré que nous pouvions aussi exploiter d’autres pistes, par exemple avec les instituts de sondage travailler sur des échantillons afin de mieux appréhender ce qui se passe sur le terrain et mieux comprendre le pourquoi des chiffres.
La profession doit se féliciter de disposer d’un outil opérationnel à l’heure du Big Data et de l’Open data. Beaucoup demande l’accès aux données de santé, bien peu sont capables comme nous de les exploiter et de façon autonome. Mais il faudra être très vigilant pour que la prochaine loi de santé publique ne restreigne pas l’accès aux données de santé des Unions et, qu’au contraire, elle leur donne des droits supplémentaires au moins équivalent à ceux des ARS.
L’ISPL repose aujourd’hui sur des bases saines. Il appartiendra aux prochaines Unions issues des élections du 12 octobre de continuer de développer l’Institut.
Pour sa part L’ISPL est prêt à affronter l’avenir avec la volonté de continuer d’évoluer dans le sens de l’innovation, bien que celle-ci puisse être parfois destructrice d’anciennes habitudes ou pratiques comme nous l’a appris Luc Ferry dans la conférence faite lors de ce séminaire.
Dr Jean-Pierre Binon
Président de l’ISPL, Président de l’URPS-ML Auvergne.
ISPL : l’institut statistique des professionnels
de santé en plein essor
Le vendredi 27 mars dernier, s’est déroulé au Musée des arts et métiers à Paris le séminaire de l’ISPL, intitulé « Données de santé » à destination des élus et des collaborateurs des URPS-ML.
Ce séminaire avait pour ambition de fédérer l’ensemble des organisations de médecins libéraux (URPS-ML) autour d’un projet ambitieux lancé il y a 7 ans : l’ISPL (Institut Statistique des Professionnels de santé Libéraux).
Cet événement a donné lieu à plusieurs interventions, dont une de Luc Ferry (philosophe-conférencier, ancien ministre de la Jeunesse et de l’Éducation nationale).
Voici le détail de cette journée très enrichissante.
Luc Ferry, essayiste français, philosophe-conférencier et ancien ministre de la Jeunesse, de l’Éducation nationale et de la Recherche, Philippe Boutin, président de la CN URPS-ML et de l’URPS-ML Poitou-Charentes, et Jean-Pierre Binon, président de l’ISPL et de l’URPS-ML Auvergne.
Introduction
Jean-Pierre Binon, président de l’ISPL, a rappelé l’importance pour les URPS-ML (et de fait la profession en général) de disposer de leurs propres données de santé pour les analyser.
C’est d’ailleurs tout l’objet de l’ISPL et cela s’inscrit :
– d’une part, dans le débat actuel de l’ouverture des données numériques de santé (ou Open Data, c’est-à-dire la libéralisation des données pour tous et gratuitement),
– d’autre part, dans les perspectives futures du Big Data ou méga données (on parle aussi de datamasse tant l’énorme volume de ces données contraint à trouver de nouvelles manières de les analyser).
1re partie : La conférence de l’institut CSA
Présentée par Blaise Montfort, directeur du département santé du CSA, et Jean-Noël Zeh, directeur scientifique, elle a porté sur l’émergence récente du Big Data en général et du Cloud computing en particulier qui impactera de façon massive l’univers de la santé et notre façon de l’appréhender. Et cela, qu’il s’agisse des perspectives offertes en médecine pédiatrique, en recherche, en diagnostic ou en prévention, mais également dans le cadre de la maîtrise des coûts et de la rationalisation de l’offre de soins.
Dans un contexte dans lequel elles deviennent accessibles à tous (open Data), s’approprier ces données et leur complexité, et maîtriser l’analyse qui pourra en être faite est essentiel pour les professionnels de santé et les évolutions de leur métier.
L’enjeu de demain sera donc à la fois :
– de sélectionner les données « utiles »,
– de comprendre les enjeux et mener les analyses de données pertinentes,
– mais surtout de mettre en perspective les données et leur donner du sens et de la valeur.
Ces données sont pour beaucoup uniquement descriptives et focalisées sur quelques aspects de l’exercice du médecin (le niveau de prescription, les dépassements d’honoraires, etc.)
La mise en œuvre d’études sur échantillons et leur spécificité (en terme de représentativité) constituera un enjeu essentiel afin de comprendre les attitudes et motivations des professionnels de santé et permettre de les situer dans un contexte réel d’exercice de la médecine.
2e partie : la présentation générale de l’ISPL,
par Michel Paoli et Marc Bayou
Michel Paoli retrace l’évolution de l’ISPL créé en 2007 afin d’exploiter les données issues de la CNAM sous forme d’agrégats, et ce dans le cadre législatif de 1993 alors dénommé TDU (transmission de données aux unions). Cette TDU a été le point de départ qui a permis à ISPL d’enrichir et d’élargir ses méthodes afin d’évoluer vers une plateforme de services et de statistiques en ligne, active depuis avril 2009.
Le dispositif ISPL a ainsi su d’adapter à la loi HSPST de 2009. À partir de la TDU, l’ISPL a développé ses compétences sur les bases de données SNIIRAM et PMSI et doit maintenant se positionner dans le cadre du nouveau Système National des Données de Santé prévu par la Loi de Santé 2015.
L’ISPL possède désormais une base de données très étendue (support d’études et d’analyses diversifiées) structurée comme suit :
• Un Observatoire des Agrégats URPS-ML portant sur six années (2009 à 2014) de données issues du « Flux URPS-ML automatique » et dont l’actualisation est mensuelle ;
• Un Observatoire de la CCAM (codage des actes médicaux) constitué par six années exhaustives (2008 à 2013) d’actes CCAM affinés ;
• Un Observatoire de l’activité individuelle des médecins libéraux (anonymisé) portant sur six années (2008 à 2013), et composé des données individuelles suivant les nomenclatures NGAP (nomenclature générale des actes professionnels) et CCAM ;
• Un Observatoire des pratiques qui étudie sur 2012 et 2013 la distribution des honoraires acte par acte, par spécialité et par médecin anonymisé ;
• Un Observatoire des ALD qui analyse la consommation de soins par ALD, par prestations et par région sur 2012 et 2013.
3e partie : l’intervention de Luc Ferry
Luc Ferry a axé son intervention sur l’époque de transition que nous traversons actuellement, véritable course à l’innovation, fortement marquée par l’obligation, voire la nécessité et la contrainte d’innover.
Or, si cette innovation provoque un essor du bien-être et de l’espérance de vie, elle engendre aussi un bouleversement permanent dans nos existences quotidiennes.
Le Big data, notamment, est déjà source d’inquiétudes de la part des diverses instances de régulation en charge du dossier, mais il est aussi porteur de promesses exaltantes dans une infinité de secteurs, de la lutte contre le cancer à celle contre le terrorisme, de la gestion des catastrophes à celle du trafic aérien…
Dans le contexte du séminaire et de l‘usage des données de santé, Luc Ferry a évoqué les perspectives qu’offre le Data Mining :
– tant par ses aspects positifs : un objectif médical qui reste l’amélioration de l’état de santé de la population),
– que par ses aspects inquiétants (utilisation inappropriée et commerciale de données personnelles, libertés individuelles menacées).
4e partie : la présentation des outils de l’ISPL
par Marc Bayou et Michel Paoli
Afin d’illustrer la richesse de la base de données de l’ISPL, Marc Bayou a détaillé des outils spécifiques élaborés à partir de celle-ci, à savoir :
1. Un observatoire de la permanence des soins (PDS) qui permet de suivre sur des territoires -pouvant aller jusqu’aux bassins de vie-, l’implication des médecins libéraux sur la permanence des soins.
2. Un observatoire des pratiques qui permet de suivre par spécialité, par région et par département, l’activité des médecins décrite selon les nomenclatures N.G.A.P. et C.C.A.M détaillées en volume et en honoraires. Ces médecins peuvent être rapprochés par groupe homogène de pratiques où leur activité peut être déclinée individuellement, le praticien restant strictement anonymisé.
3. Un outil de cartographie permettant d’illustrer sur des cartes un certain nombre d’analyses (attractivité d’un territoire de santé, chute de patientèle… etc) issues de la base de données ISPL.
Enfin Marc Bayou a présenté les travaux réalisés par l’ISPL sur les données de l’univers DAMIR mis à disposition lors de l’hackathon organisé en janvier 2015 par la CNAM.
Ces travaux démontrent que l’ISPL, et donc les URPS-ML adhérentes, se positionne comme un acteur pertinent de l’Open Data Santé, en France.
Profitons-en pour rappeler que l’ISPL fédère des URPS-ML de plus en plus nombreuses (17 à ce jour), avec notamment l’arrivée de l’URPS–ML Ile-de-France en 2014, qui vient s’ajouter à l’Alsace, l’Auvergne, le Centre, la Champagne-Ardenne, la Franche-Comté, la Guadeloupe, la Guyane, la Haute-Normandie, le Languedoc-Roussillon, la Lorraine, le Nord-Pas-de-Calais, PACA, les Pays-de-la-Loire, la Picardie, le Poitou-Charentes et La Réunion.
Crédit photos : Philippe Chagnon / Cocktail Santé.